Être Professeur.
Quel beau titre et quelle noble profession!
Après plus de 40 ans dans ce champ, je me suis demandé si c’était un métier ou une vocation.
Pour l’enfant, être instituteur, que de fois je me suis posé la question.
Donne-t-on vraiment toute sa valeur humaine à cette personne? – Cette personne qui, de l’aurore jusqu’à la tombée de la nuit à charge de la jeunesse depuis sa tendre enfance jusqu’à l’âge adulte
Cette période de la vie d’un enfant est d’une grande importance, car tel l’artiste qui gratte l’argile pour lui donner une forme ; l’instituteur donne à l’enfant qu’on lui confie : Instruction, éducation, principes… toutes ces pierres précieuses que devraient posséder un enfant, un adolescent, un être humain.
Rien n’est fini là! La mission du professeur continue avec les adultes, mais ce n’est plus la même situation, ce n’est plus la même relation enseignant-élève.
L’enseignant devient orienteur, guide conseiller, collègue voire ami.
Je peux vous assurer que c’est exactement ce que j’ai senti et vécu auprès de mes étudiants adultes.
Ces années passées auprès d’eux furent comme une véritable mission.
Je me suis toujours dit que les plus grands maîtres ont toujours pu et toujours su rester des élèves de leurs élèves.
J’ai gagné plus que je n’ai donné!
J’ai appris plus que je n’ai enseigné!
Pasteur disait : faire des hommes de nos élèves est un art qui se cultive jour après jour; encore faut-il être conscient de ses possibilités pour réussir cette mission si sacrée auprès des étudiants quel que soit leur âge!
J’ai vécu plus de 40 ans dans l’enseignement, dont 33 auprès d’adultes professionnels, respectueux et la plupart du temps avides de savoir, faisant toujours face aux défis de cette belle langue qu’est le FRANÇAIS.
Certes, pour ces étudiants adultes, étudiant le français, c’était souvent une obligation plus qu’un désir ou un plaisir. Que de fois j’ai entendu des commentaires négatifs quant aux difficultés que présente la langue française!
Si aujourd’hui j’ai pensé à rédiger ce guide grammatical, c’est
– Tout d’abord et avant tout pour réconcilier ces chers étudiants adultes avec ce qu’ils appellent grammaire sans logique, sans raisonnement
– Pour leur présenter un outil, un guide, un compagnon facile à comprendre, agréable à lire.
– Finalement pour répondre à des questions, des difficultés et des nuances d’une façon précise, claire et autant que possible avec logique.
Dans ce guide, j’ai recueilli les questions les plus difficiles, le plus souvent rencontrées.
À ces questions, je me ferais le plaisir de trouver la meilleure réponse.
Parcours de carrière
Après des études chez les soeurs de Saint-Joseph de Lyon et les mères du Bon Pasteur, Nabila Tadros se lance dans l’enseignement parallèlement à des études en lettres françaises, à l’université Ein Shams au Caire.
Elle se trouve devant une classe de 35 élèves, âgées de 14 à 16 ans. Elle enseigne le français et les mathématiques à un collège à Héliopolis. Responsabilité qu’elle assume sérieusement.
Elle découvre sa route, la langue française devient sa passion. L’enseignement devient sa vocation.
Elle se donne entièrement à ce métier ‘’ le plus beau du monde ‘’ et aussi le plus difficile; jusqu’au jour où, JC Rolland, conseiller pédagogique lui offre une année de perfectionnement à l’École Normale de Vannes en France.
De retour en Égypte, elle accepte un poste au Centre Culturel Français d’Héliopolis.
Nouvelle étape dans sa vie, nouvelle approche dans l’enseignement aux adultes.
Elle acquiert une très belle expérience au Centre Culturel Français. En plus, elle a la chance d’étudier et de terminer une licence ès lettres françaises à Paris VIII.
Après 13 ans au Centre d’Héliopolis, c’est le départ de toute la famille pour le Canada.
Grande et dure décision, tout laisser, partir à l’aventure, en n’emportant comme bagage, que ses années d’expérience, son amour du français, la vocation qu’elle continue au Canada; sans oublier la responsabilité de ses deux filles.
Juin 1990, deuxième étape dans sa vie.
C’est toujours l’enseignement aux adultes à :
- l’Alliance française
- L’Université d’Ottawa
- L’École de la Fonction publique
- Le ministère des Transports.
Ces années passées auprès d’adultes professionnels lui ont confirmé que les plus grands maîtres ont toujours pu et toujours su rester des élèves de leurs élèves.
Elle s’est toujours dit :
J’ai gagné plus que je n’ai donné.
J’ai appris plus que je n’ai enseigné!
À la demande de ses étudiants qu’elle a toujours respectés et considérés, ces étudiants pour qui le français était le plus souvent une obligation plus qu’un désir ou un plaisir; Nabila Tadros commence l’élaboration d’un guide grammatical pour :
– Réconcilier ces chers étudiants adultes avec ce qu’ils appellent grammaire sans logique, sans raisonnement
– Leur présenter un outil, un guide, un compagnon facile à comprendre, agréable à lire
– Finalement, pour répondre à des questions, des difficultés et des nuances d’une façon précise, claire et autant que possible, logique.
Dans ce guide, elle a recueilli les questions les plus difficiles, le plus souvent rencontrées, et auxquelles elle se fera le plaisir de trouver les meilleures réponses.
Fin de CARRIÈRE
Un mot spontané et du fond du cœur.
Comme j’ai toujours aimé la poésie, et surtout celle de Verlaine, j’ai pensé à ces deux vers que je change un peu…..
……………….Quand sonne l’heure
Je me souviens des jours anciens……. et je souris.
Oui, je souris à ces 50 ans dans l’enseignement, je peux dire que je n’ai pas senti le temps passer. Je pense que cette période de vie, sinon toute ma vie, fut teintée par la passion de ce métier… le plus beau du monde (sans aucun doute pour moi) et ce, parce que la matière première est l’HUMAIN. Être enseignant est un privilège.
Avant de vous parler de ma carrière, j’aimerais faire remarquer que nous avons tous, à un moment de notre vie, trouvé en un enseignant un modèle… une personne à qui on veut ressembler. Je pense à plusieurs professeurs que j’ai eus, et je leur dis merci……
Je ne veux pas donner un discours sur l’enseignement, mais j’aimerais parler en gros des trois étapes de ma vie dans ce domaine…
Quand j’ai commencé à travailler après le Bac, (High school) tout en continuant l’université bien sûr; je me suis trouvée devant une classe, d’une quarantaine d’adolescentes…..Une peur et une frayeur, …. que j’ai pu dissiper rapidement en pensant au dévouement et au respect avec lequel mes professeurs nous traitaient. Merci à ces chers professeurs.
Donc, j’ai pu les gagner… Jusqu’à présent je suis en contact avec quelques unes.
Je ne savais pas que la providence avait tracé pour moi une piste fertile. Sans l’avoir demandé, je me suis trouvée au Centre Culturel Français. Grand changement puisque j’avais affaire à des adultes. Pour réussir j’avais plus ou moins la même potion : respect, compréhension, humanisme et surtout,…surtout PATIENCE.
Je dois beaucoup au CCF. Les stages, la formation sur place et en France. Ceci m’a aidée à approfondir, non seulement l’intellect et le concept de l’enseignement, mais plus encore, à approfondir la passion que j’avais pour cette langue. Ce qui m’a permis de faire une deuxième licence de français à Paris.
L’arrivée de mes deux filles ne m’a pas arrêtée à aimer ce que je faisais, on dirait même que ça a ajouté une dose d’amour et d’altruisme. Aller vers l’autre.
Cette fois-ci, le destin qui allait de plus en plus vite, nous a déposés ma famille et moi au Canada. Grande décision.
Et voilà que, avant d’arriver au Canada, et avec l’appui de mon directeur du CCF, mon dossier m’avait devancée à l’AF.
La même recette, toujours avec moi, mais il fallait ajouter un nouvel ingrédient : la diversité culturelle dans un nouveau monde.
Alors, avec le même élan, la même ardeur, et surtout la même passion, j’ai continué.
J’ai beaucoup aimé mon expérience à l’AF. À côté de l’AF, pour joindre les deux bouts, je prenais de petits contrats par ci, par là. Ce qui m’a fait connaître des personnes humaines, généreuses, altruistes…dont ma première patronne, au collège Algonquin ici aujourd’hui….Francine Spelmann.
Et voilà qu’en 1997, Un grand cadeau me fut offert, une distinction, dirais-je. Enseigner à TC. Le Fédéral, les fonctionnaires….. Tout ceci m’effrayait un peu. Mais j’avais toujours mes outils et ma confiance. Alors, un petit contrat, puis un autre, et voilà la permanence. Elle me fut donnée par Monsieur Ranger qui m’a toujours encouragée et appuyée. Merci Monsieur Ranger.
Donc je me suis trouvée auprès d’êtres humains, professionnels, respectueux et la plupart du temps avides de savoir, faisant toujours face aux défis de cette belle langue qu’est le FRANÇAIS.
Parfois je trouvais, plutôt je sentais que cette formation, en même temps que leur travail plein de stress, d’urgence…. était une obligation plus qu’un désir ou un plaisir. Je devais trouver moyen pour alléger ce fardeau, cette charge pesante, changer ces séances de formation en séances de thérapie.
Je n’aurais jamais, jamais pu faire cela toute seule.
- C’est grâce à mes généreux patrons qui m’ont toujours appuyée et aidée à faire de mon bureau une oasis de culture. Merci Madame Burr, merci Madame Turner.
- C’est grâce à des collègues et des amis francophiles qui ont pu mettre leur touche pour égayer cette formation en mettant de temps en temps de la musique dans l’enseignement du français. Merci Monsieur Thivierge.
- C’est grâce à vous chers collègues et étudiants, à votre ambition et à votre détermination, cette détermination qui se reflétait sur moi pour redoubler la passion que j’ai toujours eue pour l’enseignement du français.
Reste à vous dire, du fond du cœur… j’ai toujours pris plaisir à travailler avec vous, à vous écouter, à partager avec vous le poids des règles de grammaire qui pesaient lourd parfois.
J’espère avoir répondu à vos attentes,
Mais, en fin de compte, vous m’avez apporté beaucoup!
J’ai appris plus que je n’ai enseigné
J’ai gagné plus que je n’ai donné
Merci. À vous tous.
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Le mot de Monsieur Louis Ranger, sous-ministre au ministère des Transports:
Chère Nabila,
J’aurais bien voulu participer à votre fête de départ mais je suis malheureusement dans l’Ouest cette semaine. J’espère que ces quelques mots vous aideront à me pardonner.
L’héritage que vous léguez à Transports Canada est considérable et unique :
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considérable, compte tenu du grand nombre de personnes qui ont bénéficié de votre enseignement,
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et unique, en raison des liens personnels que vous avez tissés avec chacun de vos « étudiants ».
Nous allons tous nous souvenir de vous pour vos connaissances et votre rigueur, et surtout pour votre engagement envers le Ministère et ceux que vous avez guidés et soutenus.
Vous aurez personnifié pendant de nombreuses années l’engagement de Transports Canada à fournir une formation linguistique de qualité à son personnel. Vous aurez rempli ce rôle avec professionnalisme et générosité en portant sur vos épaules les angoisses et les difficultés d’apprentissage de tous et chacun. Et vous aurez aussi célébré leurs succès avec beaucoup de fierté en les accueillant dans la grande famille des diplômés de l’école de langue Nabila Tadros.
Acceptez, chère Nabila, mes meilleurs vœux pour une retraite bien méritée. »
Louis Ranger